Château Talbot

S’il y a bien un vin de Bordeaux qui a accompagné de nombreux moments mémorables de ma vie depuis plusieurs années, c’est bien le Saint-Julien du Château Talbot. Propriété de la famille Cordier, ce quatrième Grand Cru Classé en 1855 n’est pourtant pas le plus plébiscité des amateurs de bouteilles onéreuses et spéculatives de la place Bordelaise.

Château Talbot

Cadeau offert par une amie musicienne vivant alors en plein centre de Bordeaux il y a une dizaine d’années, une bouteille du millésime 1998 fut mon premier contact avec ce Saint-Julien. Une belle expérience teintée de gourmandise, d’émotion et de respect face à ce grand vin déjà délicieux dans sa jeunesse. Depuis, plusieurs autres millésimes se sont succédés lors de mes différentes dégustations dont les très beaux 1990 et 1996, mais je ne peux m’empêcher d’évoquer un surprenant 1984, année moins glorieuse et au vieillissement présumé aléatoire ; quel souvenir !

Un vénérable nectar encore vigoureux, au nez de jus de viande complexe et à la profondeur rappelant une promenade automnale nocturne dans un bois aux senteurs de champignons et de végétation humide. C’est aussi cela la force de ce cru, une longévité qui ne vous décevra pas, même dans les années moins favorables, bien au contraire car tous les profils de ce vin sont à explorer pour en cerner les nombreuses facettes. Ce grand Bordeaux rouge sera toujours étonnamment accessible aux buveurs les moins avertis qui l’apprécieront notamment pour son fruité délicieux et séducteur, mais également aux amateurs de grands vins recherchant intensité et complexité.

Nous voici face à ce flacon dont le jus de raisin fut pressé il y a dix-sept ans – Le silence est d’abord de mise – Directement servi de la bouteille jusque dans nos verres, un beau rouge grenat éclatant attire notre regard. Un nez fumé et racé nous ensorcelle petit à petit. Une grande profondeur d’arômes de sous-bois soutenue par de la réglisse porte un nez au profil automnal, agrémenté comme un songe, de souvenirs fruités de cassis et de groseille.

Le vin est encore assez vif en attaque mais une sécheresse des tanins vient cependant ternir la fin de bouche. Ceci nous rappelle les vendanges pluvieuses de l’année 1999 dans le Médoc ayant entraîné des maturités difficiles rendant le vin plus austère qu’à l’accoutumée. Une décantation d’une heure a néanmoins atténué cette légère sévérité et libéré le bouquet d’un fruité plus avenant et comme un cadeau, une réminiscence de parfums de truffe noire. Un beau moment que nous retiendrons.

Si bien que nul n’est parfait, ce vin nous a cependant séduit aussi par ses imperfections, car il n’a manqué ni de relief, ni d’intérêt tant ses qualités intrinsèques demeurèrent présentes. Les vins du Château Talbot se boivent toujours bien dans leur jeunesse mais nous vous conseillons de les déguster à partir de leur dixième année, quelque soit le millésime. De plus, les prix de ce Grand Cru Classé restent sage… à découvrir ou à redécouvrir !


Château Talbot
33250 – Saint-Julien-Beychevelle
Tél : 05 56 73 21 50

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *